Les conséquences de l’épidémie Covid-19 sur l’arrêté semestriel

Publications Publié le 25 mai 2020

Le monde subit de plein fouet une crise sans précédent confrontant les entreprises à des situations extrêmement difficiles, tant d’un point de vue humain qu’économique.

Dans un contexte plein d’incertitudes sur les conséquences, la durée et l’intensité de la crise, la préparation des comptes semestriels sera particulièrement complexe pour les entreprises et s’avère devoir être anticipée.

Les difficultés auxquelles les groupes seront confrontés sont nombreuses, faisant appel au jugement et aux estimations. Elles porteront principalement sur les thèmes suivants :

  • Les tests de dépréciations des immobilisations incorporelles et corporelles ;
  • Les dépréciations d’actifs financiers, et notamment les créances clients, les actifs de couverture et les actifs financiers ;
  • La présentation de l’information financière.

Des tests de dépréciation doivent ils être mis en œuvre lors de l’arrêté semestriel ?

La norme IAS 36 impose de mettre en œuvre des tests de dépréciation au moins une fois par an, et dès lors qu’un indice de perte de valeur existe. La pandémie due au Covid-19 n’est pas un indice de perte de valeur en tant que tel, en revanche, les conséquences de cette crise sans précédent conduiront les entreprises à identifier des indices de pertes de valeur pour certains de leurs actifs.

Compte tenu du manque de visibilité et du niveau d’incertitude pesant sur les entités dans un contexte inédit, la mise en œuvre des tests de dépréciation lors de l’arrêté semestriel s’avérera un exercice difficile.

Les plans d’affaires par UGT devront être mis à jour des impacts de l’épidémie sur les résultats à venir sur la base des meilleures estimations de la Direction. Les groupes pourraient opter, compte tenu de leur situation propre, de calculer une valeur d’utilité à partir de différents scénarios pondérés ou bien de privilégier un scénario unique reflétant leur meilleure estimation quant à un retour progressif à un niveau d’activité normal et quant à l’impact sur les flux à long terme.

Les paramètres financiers devront eux aussi être mis à jour afin de refléter les conditions de marché à la date de l’arrêté semestriel, en veillant toutefois à ne pas intégrer des risques déjà anticipés dans les flux de trésorerie.

Créances clients et autres actifs financiers

De nombreuses entreprises rencontrent des difficultés de trésorerie et pourraient être amenées à ne pas pouvoir honorer leurs règlements. Sans remettre en cause, dès le 30 juin, les grilles de dépréciation existantes, il est fortement recommandé d’effectuer une analyse approfondie et documentée du risque de crédit sur les créances client existantes à la clôture qu’elles soient échues ou non. En effet, compte tenu de la situation de certains débiteurs, les entreprises pourraient être amenées à reconnaître des dépréciations complémentaires relatives à des risques avérés lors de l’arrêté semestriel.

Plus généralement, une revue des actifs financiers devra être réalisée afin de s’assurer de leur valeur au bilan, avec un point d’attention sur la valeur des sociétés mises en équivalence, ou encore des actifs de couverture des avantages au personnel.

Présentation de l’information financière

La présentation de l’information financière lors de l’arrêté semestriel sera un enjeu majeur.

Quels que soient les impacts de la crise sur la performance de l’entreprise, les états financiers primaires ne doivent pas être modifiés ou adaptés avec des informations proforma par exemple.

En revanche, il sera nécessaire de présenter une information pertinente, cohérente et complémentaire entre les états financiers et le rapport d’activité.

Dès lors, il ne serait pas forcément pertinent de présenter les effets de la crise au sein du résultat non courant au risque de fausser la comparabilité et la compréhension de la performance. L’entreprise ne doit pas modifier ses principes de présentation des éléments non courants.

Afin d’expliciter les conséquences de la crise sur les états financiers, une note dédiée dans l’annexe pourrait présenter, de façon adaptée à chaque situation, les impacts sur les principaux agrégats, notamment du compte de résultat. Ces informations pourront être présentées selon un format narratif qualitatif, comprenant des données chiffrées permettant de mettre en évidence l’impact de la crise sur la performance de l’entreprise. Il peut être envisagé en fonction de l’information disponible et de sa fiabilité de présenter la performance avant et après le début de la crise. Cet exercice peut néanmoins être très délicat, la crise ayant touché les zones géographiques à des périodes différentes.

Quant aux perspectives, il faut privilégier de les présenter dans le rapport d’activité de la période.

La présentation d’une information financière claire et pertinente dans un environnement instable et incertain sera un véritable défi pour tous les groupes.

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