Au cours des publications récentes, les émetteurs ont fait évoluer leurs prévisions financières pour intégrer les incertitudes liées aux différentes crises. Alors que l’inflation revient depuis quelques mois et que les banques centrales tentent d’endiguer la situation, quels seront les impacts de ces évolutions sur les tests de dépréciation ?

Après des incertitudes liées à la pandémie de Covid-19, un retour à la normale ?

Pour un grand nombre d’émetteurs la crise sanitaire aura impacté jusqu’à quatre publications financières et pour chacune de celles-ci ils auront dû s’interroger sur la méthode ou les hypothèses à retenir dans leur test de dépréciation. Et pourtant, cette crise s’est éteinte aussi rapidement qu’elle est survenue. Alors peut-on parler d’un retour à la normale ? au monde d’avant ? Rien n’est moins sûr. En effet, plus qu’elle ne s’est éteinte, la pandémie de Covid-19 s’est trouvée éclipsée par d’autres évènements tels que le conflit russo-ukrainien, l’envol des cours des matières ou du prix de l’énergie ou encore la montée en force, a minima sur le continent européen, des enjeux de durabilité. Dans ce contexte, difficile de considérer que les incertitudes ont été levées et que les prévisions sont désormais moins complexes à établir. A ce sujet, le Fonds Monétaire International a publié en avril dernier ses « Perspectives de l’économie mondiale » dans lesquelles il anticipe une croissance de l’ordre de 2,8% pour 2023 en recul par rapport à 2022 (3,4%). Ce repli attendu de la croissance mondiale ne sera certainement pas sans effet sur les prévisions financières des émetteurs et cela devra se refléter dans les flux servant de base aux tests de dépréciation.

Le maintien de l’inflation à moyen terme ?

Au cours des derniers mois, les prix de l’énergie ou des matières premières ont été très volatiles et surtout orientés à la hausse. Fortement impactés par la succession de crises évoquées précédemment, ces évènements ont conduit à observer des niveaux d’inflation qui n’étaient plus observés depuis de nombreuses années. Dans la décennie passée, le dernier pic d’inflation s’élevait à moins de 3% tandis que les données prévisionnelles de la Banque de France pour 2023 tablent sur un niveau de plus de 5,5%. Cette même institution prévoit, dans ses « Projections macro-économiques – France 2023-2025 », qu’un retour à la cible d’inflation de 2% n’est pas envisageable avant la fin de l’année 2025 en l’absence de nouveau choc, c’est-à-dire compte tenu d’une période de près de 2 ans et demi sans nouvelle crise. Dans le même temps, les prévisions d’évolution des cours du pétrole et du gaz aboutissent à fin 2025 à des niveaux de prix certes en recul mais tout de même nettement supérieurs à ceux d’avant crise.  Ces conditions économiques ne seront pas sans effet sur les performances à venir des entreprises et les effets de l’inflation devront nécessairement être retranscrits d’une manière ou d’une autre dans les prévisions des entreprises.

La fin des politiques monétaires accommodantes ?

Pour compléter de noircir le tableau, après des années de politiques monétaires accommodantes menées par les principales grandes banques centrales, ces dernières ont été contraintes de relever leurs taux directeurs et donc de renchérir par effet de ricochet le coût du financement pour l’ensemble des acteurs économiques. Toute chose égale par ailleurs, les projets d’investissement à venir sont donc désormais plus consommateurs de ressources tandis que les actifs historiques sont moins performants. Comme le représente le graph présenté ici, au cours des 15 dernières années, les 12 premières années ont vu les taux d’intérêt des obligations dites sans risque (ici représenter par le taux d’intérêt à 10 ans de l’Etat français, données Banque de France) baisser régulièrement. Malgré ce contexte de coût du financement relativement faible, des dépréciations d’actif significatives avaient été observées. A contrario, les primes de risque moyennes utilisées par les experts indépendants dans leurs évaluations, malgré des baisses récentes, sont restées à un niveau relativement stable depuis 2008, même en périodes de crise (sources : données ATH recueillies sur un panel de près de 500 opérations de marché). A ce stade, il n’y a pas d’orientation marquée à la baisse des taux d’actualisation

Dans un contexte de sortie de crises dans lequel les incertitudes sont toujours très présentes, le maintien de l’inflation et la hausse du coût du financement risquent de conduire un grand nombre d’émetteurs à constater de nouvelles pertes de valeur à l’issue de leurs tests de dépréciation. Deux phénomènes pourront toutefois pondérer ce risque. Tout d’abord, compte tenu du niveau d’inflation élevé, le coût du financement reste, encore, relativement raisonnable, les taux d’intérêts réels peuvent en effet encore être négatifs. Ensuite, l’ajustement à la baisse des primes de marché se précise depuis plusieurs mois et pourrait limiter la hausse des taux d’actualisation.  Comme pour les arrêtés comptables précédents, les tests de dépréciation resteront en 2023 un sujet d’attention majeur pour la préparation des comptes.

L’information financière évolue à grands pas pour mieux présenter les impacts des changements climatiques sur les performances des entreprises. L’ISSB a publié le 26 juin ses deux normes inaugurales relatives aux principes d’information à suivre en matière de durabilité et aux informations à fournir sur les enjeux climatiques. Cette publication fait écho aux deux premières normes ESRS de l’EFRAG publiées récemment.

L’observation des pratiques donne une autre indication sur la façon de communiquer les informations sur le climat et les solutions trouvées pour aborder ce sujet. L’étude approfondie publiée le 26 juillet 2023 par le Financial Reporting Council (FRC), normalisateur britannique du monde financier, apporte ainsi un éclairage sur la pratique de 20 sociétés cotées britanniques dans les informations publiées au 31 décembre 2022. Quatre secteurs sensibles ont été ciblés : la construction, l’énergie, les banques, la gestion d’actifs.

Evolution globale de la communication sur les enjeux climatiques

Si la tendance est à l’amélioration de l’information sur les objectifs de neutralité carbone ou d’objectifs intermédiaires, la disparité reste forte. Par exemple la prise en compte des émissions des partenaires amont et aval (Scope 3) n’est pas encore généralisée.

Le grand volume d’informations à présenter rend difficile pour de nombreuses entreprises l’explication claire et concise de leur plan de transition climatique. L’utilisation d’infographie est recommandée. La hiérarchisation d’indicateurs et d’objectifs significatifs au regard des risques et opportunités issues du changement climatique apparaît largement perfectible d’autant plus que le choix par le management de l’emplacement des informations, dans les rapports d’activité ou ailleurs, est hétérogène.

Le FRC poursuit ses analyses et fournira à l’automne 2023 des conseils et des illustrations de bonnes pratiques pour aider les entreprises à prendre des décisions efficaces en matière de matérialité.

Enjeu d’utilisation de données non financières

La définition et la collecte des données non financières, en vue d’une publication, pose des questions de méthodologie et de fiabilité en fonction des processus de contrôle interne existant.

Seules certaines entreprises ont fourni des explications claires sur les limitations de reporting ou de données, en listant les actions prévues pour améliorer l’exhaustivité et la qualité des données.

Matérialisation des liens entre les objectifs de décarbonation et les plans d’action

Une bonne pratique consiste à distinguer les engagements long terme, par exemple à 2050 tout en reconnaissant ne pas avoir clairement défini de plans au-delà d’un horizon 2030. Les exemples de chronologie des entreprises Rolls-Royce Holdings plc et d’Hill & Smith plc sont montrés à titre d’illustration des meilleures pratiques actuelles. Cependant, certaines communications semblent critiquables :

  • imprécisions sur les périmètres des activités concernées ou la définition des objectifs de neutralité carbone, voire le flou de la validation de ces objectifs par le SBTi ;
  • manque de clarté entre les risques et opportunités liés au climat et les indicateurs et objectifs déclarés. A l’opposé, la présentation de Bakkavor Group plc est montrée en exemple.
  • transparence insuffisante sur le détail des plans, en particulier sur leurs limitations possibles y compris technologiquement ;
  • absence d’explications sur d’éventuels changements méthodologiques ou de réestimations des risques et opportunités. A contrario, Schroders plc illustre bien un processus de revue périodique des calculs d’émissions carbone.

Par ailleurs, la comparabilité des mesures entre les entreprises d’un même secteur reste difficile, notamment à cause des ajustements réalisés sur des indicateurs standards. L’étude souligne l’intérêt à ce que les entreprises suivent et expliquent les écarts entre le niveau de réalisation des plans et les prévisions.

Impacts sur les états financiers

Les explications sur la manière dont les objectifs climatiques affectent les états financiers se limitent très souvent à une affirmation générale de connectivité, sans détails sur les rubriques impactées et les hypothèses financières sous-jacentes ou leur chronologie.

L’indication dans le reporting d’impacts financiers significatifs attendus est souvent incohérente avec l’absence d’information dans les états financiers.

L’étude encourage l’application des recommandations de l’IASB mises à jour en juillet 2023 : elles prendront sans nul doute une importance accrue dans la préparation des comptes 2023 et contribueront à aligner les pratiques.

L’audit énergétique a été institué dans le cadre de la loi portant lutte contre le dérèglement climatique et le renforcement de la résilience du 24 août 2021. Depuis le 1er avril 2023, les logements les plus énergivores (classés F et G) doivent faire l’objet d’un audit énergétique en cas de vente. Ce document donne, au futur acquéreur, des pistes de travaux de rénovation énergétique. Les habitations classées E seront concernées à partir du 1er janvier 2025 et celles classées D à compter du 1er janvier 2034. L’objectif de ce dispositif est de ramener progressivement la totalité des logements a minima à la classe C.

Rappels

Le DPE

Le DPE, pour un bien immobilier, doit comporter 4 parties :

  • Consommation annuelle d’énergie exprimée en kWh et en euros,
  • Positionnement en consommation d’énergie primaire / m2 / an et en émission de gaz à effet de serre (GES) / m2 / an,
  • Descriptif du local : le bâti (parois verticales, fenêtres, portes, plafond et plancher), et des systèmes (chauffage, eau chaude sanitaire, ventilation et refroidissement),
  • Recommandations d’améliorations énergétiques.

Echelle d’un DPE pour la consommation énergétique en kW/m2/an d’un logement

Concernant les ventes

Depuis 2006, tout propriétaire qui souhaite vendre doit, entre autres, confier la réalisation d’un diagnostic de performance énergétique (DPE) à un professionnel certifié.

Concernant les locations

Le propriétaire est tenu de fournir un logement  » décent  » à son locataire.

Depuis le 1er janvier 2023, un logement est qualifié d’énergétiquement décent lorsque sa consommation d’énergie finale est estimée par le DPE est inférieure à 450 kWh/m2.

Depuis 2022, les logements classés F et G font l’objet d’un gel des loyers pour les locataires déjà titulaires d’un bail comme lors d’une relocation et les annonces de vente ou de location portant sur ces logements doivent obligatoirement porter mention  » logement à consommation énergétique excessive « .

Les logements dont la consommation d’énergie dépasse cette valeur ne peuvent plus être proposés à la location.

Cette mesure s’applique aux nouveaux contrats de location conclus à compter du 1er janvier 2023 en France métropolitaine. Elle concerne les logements du parc privé et social et ne s’applique pas aux locations saisonnières.

Qui est concerné par l’audit énergétique ?

L’audit énergétique concerne les propriétaires de maisons individuelles et les immeubles composés de plusieurs logements appartenant à un propriétaire unique proposés à la vente en France métropolitaine.

C’est au propriétaire d’engager la démarche avant même la vente de son bien afin de remettre au potentiel acquéreur l’audit énergétique dès la première visite et, au plus tard, le jour de la signature de la promesse de vente.

Quel est le calendrier pour réaliser cet audit ?

Sont concernés par la réalisation de l’audit énergétiques les biens qui répondent aux conditions suivantes :

  • Pour les habitations classés F ou G dont la promesse de vente ou, à défaut, l’acte de vente, est signé à compté du 1er avril 2023. Dans les départements et régions d’outre-mer, la réalisation d’un audit énergétique pour les logements classés F ou G s’appliquera à compter du 1er juillet 2024.
  • Pour les habitations classées E dont la promesse de vente ou, à défaut, l’acte de vente, est signé à compter du 1er janvier 2025,
  • Pour les habitations classées D dont la promesse de vente ou, à défaut, l’acte de vente, est signé à compter du 1er janvier 2034.

Qu’est-ce que l’audit énergétique ?

L’audit énergétique constitue un état des lieux détaillé de la performance énergétique et environnementale d’un logement.

Ce document vise principalement à sensibiliser le futur acquéreur aux questions de transition écologiques et énergétiques et à l’orienter, en lui proposant des scénarios de travaux d’amélioration de la performance du logement concerné.

Que contient l’audit énergétique ?

L’audit énergétique vient compléter le DPE mais ne le remplace pas. La durée de validité de l’audit énergétique est de 5 ans, contre 10 ans pour le DPE.

Il repose sur une analyse plus complète, qui est définie à l’article 2 de l’arrêté du 4 mai 2022, définissant pour la France métropolitaine le contenu de l’audit énergétique règlementaire prévue par l’article L. 126-28-1 du Code de la construction et de l’habitation et contient notamment :

  • Un état des lieux général du bien (caractéristiques thermiques et géométriques, indications sur les équipements de chauffage, de ventilation, d’éclairage…),
  • Une estimation de la performance du bâtiment,
  • Au moins 2 propositions de travaux de rénovation permettant d’améliorer le niveau de performance énergétique :
    • un parcours de travaux par étapes,
    • un parcours de travaux en une seule étape.

Sauf contrainte particulière, la première étape doit faire gagner au moins une classe et atteindre au minimum la classe E.

  • L’estimation des économies d’énergie,
  • Des ordres de grandeur des coûts des travaux proposés,
  • La mention des principales aides publiques mobilisables.

Le tarif n’est pas réglementé et peut donc varier d’un professionnel à l’autre. Selon les conditions de ressources du propriétaire, celui-ci pourra bénéficier d’aides de Maprimerénov pour faire effectuer cet audit.

Qui peut réaliser un audit énergétique ?

L’audit énergétique doit être réalisé par un professionnel qualifié, disposant d’une assurance qui couvre les conséquences d’un engagement de sa responsabilité.

Pour les maisons individuelles, les professionnels qualifiés sont :

  • Les diagnostiqueurs immobiliers certifiés,
  • Les bureaux d’étude et entreprises qualifiés  » audit énergétiques en maison individuelles  » (qualification OPQIBI 1911),
  • Les entreprises disposant du label  » Reconnu garant de l’environnement (RGE) « .

Pour les immeubles à usage d’habitation comprenant plusieurs logements, les professionnels qualifiés sont :

  • Les bureaux d’études « audit énergétiques des bâtiments (tertiaires et/ou habitations collectives)  » (qualification OPQIBI 1905),
  • Les sociétés d’architecture et architectes inscrits à l’ordre et ayant suivi une formation.

Où trouver un auditeur ?

Sur le site France Rénov’ : france-rénov.gouv.fr

Ou dans l’annuaire des diagnostiqueurs-auditeurs certifiés : diagnostiqueurs.din.developpement-durable.gouv.fr

Pour aller plus loin

Les textes réglementaires

Loi n°2021-1114 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et le renforcement de la résilience face à ses effets.

Article L. 126-26 du Code de la construction et de l’habitation

Article L. 126-28-1 du Code de la construction et de l’habitation

Article L. 173-1-1 du Code de la construction et de l’habitation

Arrêté du 4 mai 2022 définissant pour la France métropolitaine le contenu de l’audit énergétique réglementaire prévu par l’article L. 126-28-1 du Code de la construction et de l’habitation

Advolis Orfis vous accompagne dans toutes vos démarches.

Depuis quelques temps l’actualité relative aux enjeux climatiques, et plus largement de durabilité, s’est renforcée. Dans la très large majorité des cas ce sont les grandes, voire les très grandes, entreprises ou organisations qui sont sous les feux de la rampe, ou des critiques selon les cas. Pourtant, en France, les TPE, PME et ETI comptent pour deux tiers des emplois salariés et représentent une part équivalente de la valeur ajoutée[1]. Il est donc temps de leur apporter une part de la lumière qu’elles méritent en abordant les impacts comptables des enjeux de durabilité de cette catégorie d’entreprises.


[1] « Les entreprises en France » INSEE, données 2020, étude parue en décembre 2022

La durabilité et les enjeux environnementaux, sociaux ou de gouvernance d’entreprises vont impacter les comptes des TPE, PME et ETI comme ils le font d’ores et déjà pour les grandes et très grandes entreprises. L’absence de normes et la plus grande souplesse de la réglementation vis-à-vis de ces entreprises rendent toutefois pour l’instant plus difficile la prise en compte de ces enjeux dans leurs états financiers. Il semble pourtant important d’apporter dès aujourd’hui une attention particulière aux impacts potentiels sur les comptes des éventuels engagements, décisions stratégiques ou mises en place de politique de durabilité.

La valeur de certains actifs mis sous pression

Le premier des aspects comptables à considérer est probablement celui de la valorisation des actifs, et notamment des actifs immobilisés. Les changements de comportement des consommateurs (que ce soient les consommateurs directs dans le cadre d’une activité B-to-C, ou indirects dans une activité B-to-B), la pression imposée par un client significatif et lui-même engagé dans une stratégie de durabilité ou les évolutions réglementaires peuvent impacter les débouchés commerciaux d’une entreprise et par effet de ricochet les perspectives de rendement de ses actifs. Si ces comportements sont encore marginaux au niveau des TPE, PME et ETI, ils prennent chaque jour de l’ampleur et il n’est plus rare que certains clients intègrent des critères de durabilité dans leurs appels d’offres.

La constatation de provisions complémentaires

La France compte depuis de nombreuses années parmi les pays les plus en pointe en matière de responsabilité environnementale des entreprises et organisations. La comptabilité française prévoit ainsi la constatation de provisions pour dépollution, remise en état ou encore démolition. Avec l’émergence de nouvelles réglementations et l’exposition médiatique accrue de ces enjeux, au niveau national mais aussi local, les entreprises doivent apporter une attention accrue à l’impact qu’elles peuvent avoir sur leur environnement. Il ne s’agit parfois pas de nouvelles provisions mais simplement de chiffrage plus important des engagements à prendre en comptes.

La communication autour des incertitudes en matière d’estimation comptable

Au-delà des chiffres, les lecteurs des états financiers des TPE, PME et ETI seront aussi attentifs aux annexes des comptes et notamment aux notes portant sur les hypothèses retenues et aux incertitudes relatives aux estimations comptables. Cela pourra être le cas d’un établissement de crédit finançant un nouvel investissement et soucieux de s’assurer de la capacité de remboursement de l’entreprise ou de celui d’un client engagé (volontairement ou non) sur la voie de la durabilité souhaitant s’assurer que les acteurs de sa chaine de valeur prennent bien en compte leurs impacts respectifs dans des conditions cohérentes.

Un accès au financement complexifié et plus coûteux

La récente remontée des taux d’intérêt engagée en Europe comme aux États-Unis afin de lutter contre l’inflation a eu pour effet de renchérir les sources de financement pour les entreprises. La transition vers une économie durable renforcera très probablement cette situation que ce soit au travers de critères d’octroi de lignes de crédit embarquant les enjeux de durabilité ou bien en intégrant dans les taux d’intérêts proposés des primes complémentaires en lien avec ces mêmes enjeux. Aujourd’hui, les établissements financiers proposent des boni pour les entreprises d’ores et déjà engagées pour l’environnement ou des sujets sociaux. Il ne serait pas surprenant que dans un horizon proche ces mêmes établissements ne proposent plus de boni pour les bons élèves mais intègrent plutôt des mali pour les derniers récalcitrants. Les prises de participations de fonds d’investissement devraient suivre la même logique et ces taux d’intérêts ou de retour sur investissement attendus plus élevés contraindront les TPE, PME et ETI à s’adapter. 

De même, l’obtention de certaines subventions commence déjà à être dépendant d’une certaine éco-responsabilité. A titre d’exemple, le Centre national du cinéma et de l’image animée a récemment indiqué mettre en place progressivement une éco-conditionnalité des aides octroyées, les bénéficiaires d’aides à la production devant remettre un bilan prévisionnel ainsi qu’un bilan définitif des émissions carbone engendrées par la production de leurs œuvres.

La nécessaire réflexion autour de la convention de continuité d’exploitation

Enfin, l’ensemble des thématiques abordées précédemment devra conduire les entreprises à se poser la question de la durabilité, financière cette fois, de leurs activités. Rendement des actifs en repli, engagements de remise en état plus lourd, financements plus chers… ces éléments peuvent, pour certains, faire pencher la balance dans le rouge et les amener à envisager la non-poursuite de certaines activités.

Si les aspects comptables évoqués dans cet article sont plutôt à charge, il est important d’avoir en tête que les entreprises qui prendront le virage de la durabilité pourront tirer leur épingle du jeu et bénéficier d’un avantage comparatif vis-à-vis de leurs concurrents. A choisir entre un produit durable et un produit non-engagé, à prix et qualité équivalents, un consommateur aura tendance à choisir la version durable. Il en va de même en cas de projet d’investissement. Un fonds d’investissement à la recherche d’une nouvelle prise de participation aura désormais tendance à intégrer les enjeux ESG dans sa valorisation et l’entreprise à la recherche de nouveaux investisseurs qui n’aurait pas encore pris dans ses comptes les impacts d’engagements ESG pourrait ne pas être retenue au profit d’une cible plus avancée sur les chemins de la durabilité.

En 2017, l’IASB lançait le projet Better communication en vue d’améliorer la comparabilité et la communication financière à destination des investisseurs. Ce projet englobait trois aspects : le déploiement d’une taxonomie IFRS, la révision des états financiers pris dans leur ensemble et un focus spécifique sur la présentation des états financiers primaires. Cette dernière thématique a pour objectif principal de rendre les états financiers primaires plus clairs, plus concis et plus pertinents.

Les principaux enjeux de cette initiative

Au cours des dernières années et après une phase d’exposé sondage en 2019 et 2020, plusieurs propositions ont été émises par le normalisateur dans le cadre de ce projet parmi lesquelles figurent l’introduction de nouveaux sous-totaux au niveau du compte de résultat, la clarification de la désagrégation des charges et produits et la modification de la présentation des flux de trésorerie.

La refonte de la présentation du compte de résultat et l’introduction de nouveaux sous-totaux permettraient de fournir une meilleure vue d’ensemble de la performance de l’entreprise. En effet, le compte de résultat serait désormais décomposé en trois parties reprenant ainsi la présentation du tableau de flux de trésorerie : opérationnel, investissement et financement. La section « Opérationnelle » deviendrait alors la catégorie par défaut regroupant tous les produits et charges issus de l’activité principale de l’entreprise. Si la présentation des produits et charges par destination resterait la norme, cette nouvelle catégorie pourrait voir apparaitre une notion qui pour beaucoup était jusqu’à ce jour manquante : le résultat opérationnel avant amortissements et dépréciations. Ce sous-total serait très proche de ce que de nombreux émetteurs définissent aujourd’hui comme EBITDA.  

S’agissant du tableau de flux de trésorerie, le projet de l’IASB vise à éliminer certaines options données aujourd’hui aux préparateurs d‘états financiers comme le classement des intérêts ou des dividendes. Le compte de résultat se décomposant désormais en éléments opérationnels, d’investissement ou de financement, un alignement du tableau de flux de trésorerie serait alors envisagé. Ainsi, les effets d’une opération en termes de performance financière seront catégorisés de la même façon en matière d’effet sur la trésorerie de la société. Ce projet envisage également d’harmoniser la présentation du tableau de flux de trésorerie préparé selon la méthode indirecte en requérant l’utilisation comme point de départ du résultat opérationnel et non plus du résultat net.

Enfin, lors de la mise en place du projet, l’IASB prévoyait de mettre à disposition des entreprises des modèles de présentation d’états financiers primaires.

Les récentes prises de positions du régulateur

Lors de sa récente réunion du mois de mars 2023, l’IASB a poursuivi ses délibérations sur le projet relatif aux états financiers primaires. Parmi les avancées observées lors de cette session, les décisions suivantes ont été prises :

  • Lorsque les charges opérationnelles sont présentées par fonction, il est nécessaire de préciser pour chacune d’elles le montant des amortissements, dépréciations (y-compris sur les stocks) ainsi que les avantages donnés au personnel. Cette information pourra être présentée dans une note unique de l’annexe et intégrer des explications qualitatives dans le cas où certaines de ces dépenses seraient inscrites au bilan de la société.
  • S’agissant des « Management performance measures » (« MPM »), le groupe de travail de l’IASB introduit une présomption réfutable selon laquelle ces indicateurs non-définis dans les normes comptables représentent le point de vue de la direction sur un aspect de la performance financière de l’entité. A ce titre, ces indicateurs devraient être réconciliés du sous-total le plus proche défini dans les normes IFRS.
  • Un changement de MPM ne doit pas être traité en application de la normes IAS 8 – Méthodes comptables, changements d’estimations comptables et erreurs étant considéré que ces indicateurs ne sont pas des données comptables par définition. Toutefois, lorsqu’une entité décide de changer les MPM qu’elle présente dans ses états financiers :
    • Cette modification devra s’accompagner d’une explication justifiant le retrait de la précédente MPM ;
    • Les données comparatives devront être présentées lorsque cela est possible.

Les comptes intermédiaires présentés selon IAS 34 – Information financière intermédiaire devront également tenir compte de ces directives concernant les MPM.

Dans les mois à venir, l’IASB continuera de conduire la révision des états financiers primaires préparés selon le référentiel IFRS et il s’agira donc de suivre les conclusions qui seront tirées de ces futurs échanges.

A ce stade seuls les comptes de résultat et tableau de flux de trésorerie seraient impactés par ces nouvelles normes de présentation et aucune modification n’est attendue sur l’état du patrimoine ou le tableau de variation des capitaux propres. Par ailleurs, si la géographie des états financiers pourrait se retrouver modifier, ce projet ne vise pas directement à modifier les principes de reconnaissance ou de mesure de la performance des entreprises. Toutefois, comme bien souvent, le diable se cache dans les détails et il faudra donc prendre soin d’identifier les effets collatéraux de ce projet. De nombreux contrats d’investissement ou de financement basé sur des agrégats financiers actuels devront être revus, modifiés et les impacts de telles révisions identifiés et … constatés dans les compte

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Advolis Orfis a eu le plaisir de contribuer au livre blanc « Audit, innovation et nouvelles technologies : vers l’audit augmenté avec la RPA ? » rédigé par Nabyla Daidj, enseignante-chercheuse en systèmes d’information pour le management et en stratégie au sein du département TIM (Technologies, Information & Management) à Institut Mines-Télécom Business School.

Ce livre blanc est le deuxième d’une série de livres blancs consacrés aux évolutions de l’audit interne et de l’audit IT

Il est consacré au rôle joué par les nouvelles technologies dans les activités d’audit et plus spécifiquement à la place de la RPA (automatisation robotisée des processus)

La RPA est une technologie qui transforme progressivement et en profondeur les activités de l’audit. Parallèlement, les enjeux de l’audit de la RPA sont également présentés. 

Comment les auditeurs procèderont pour auditer plus spécifiquement les solutions d’automatisation, de robotisation et d’intelligence artificielle ?

Depuis le 1er janvier 2014, un mécanisme d’autoliquidation de TVA a été instauré pour les travaux de construction effectués par une entreprise sous-traitante.

L’application de ce dispositif est conditionnée par l’existence d’un contrat de sous-traitance formel, ou, à tout le moins, de tout document (devis, bon de commande signé, …) permettant d’établir l’accord de volonté entre l’entreprise principale et son sous-traitant pour la réalisation des travaux sous-traités et leur prix.

Dans le cadre d’un arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Lyon, du 5 janvier 2023, l’administration a remis en cause l’application du dispositif d’autoliquidation par un prestataire réalisant des travaux d’électricité dans le cadre d’une rénovation d’un bien immobilier.

La Cour a donné raison à l’administration fiscale et a précisé que les devis, bons de commande et factures doivent préciser, notamment, la nature et le montant des travaux à réaliser, ainsi que le nom du client final.

Ainsi, en l’absence de contrat formel de sous-traitance, les documents commerciaux (devis et/ou bons de commande) ainsi que les factures doivent inclure les éléments indiqués ci-dessus.

La simple mention « Autoliquidation » portée sur les factures émises par le sous-traitant ne permet donc pas de justifier de l’application de ce dispositif.

Compte tenu de cette décision, il convient d’être prudent sur le formalisme attaché à l’application de ce dispositif et s’assurer, à défaut de contrat formel de sous-traitance, de l’exhaustivité des informations reportées sur les devis et/ou bons de commande.

Les équipes d’Advolis-Orfis se tiennent à votre disposition pour vous accompagner et sécuriser l’application du régime d’autoliquidation de TVA.

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